Après Penser la pornographie (Puf, 2003) et La Panique morale (Grasset, 2004), le philosophe Ruwen Ogien, continue son travail d’examen critique de notre ordre moral. Cette fois-ci, ce sont avec les deux grands principes juridiques et moraux qui gouvernent notre rapport aux représentations (écrits, images) « pornographiques » qu’il exprime son désaccord philosophique. Pourquoi en effet distinguer les représentations sexuelles explicites ayant des qualités littéraires et artistiques évidentes, celles-ci n’étant pas censurées, de celles qui sont « médiocres » ou vulgaires, celles-là devant l’être ? Et qui décide de ce qui est médiocre ou pas ? Idem pour la distinction entre les œuvres suscitant un « sentiment esthétique » et celles visant exclusivement à « provoquer l’excitation du public », qui permet de réserver la censure à ces dernières. Pour résoudre ces difficiles questions, R. Ogien propose de distinguer entre offenses (blasphémer, porter atteinte à des choses abstraites, provoquer le dégoût ou la gêne) et préjudice (imposition d’une contrainte à autrui, atteinte à son intégrité physique, à ses biens matériels). S’appuyant sur des polémiques et débats récents, il entend démontrer que les offenses sont des « crimes sans victimes ». C’est pourquoi il défend une « liberté d’offenser » la plus grande possible, un examen attentif des arguments en présence révélant qu’une représentation sexuelle explicite, aussi vulgaire
soit-elle, ne saurait véritablement nuire à quiconque.
Ruwen Ogien. La Musardine, 2007, 134 p., 13 €.