Le gynécologue mis en examen pour viols exerce toujours à l’hôpital d’Alès!


 

 

Agressions sexuelles
et maltraitances gynécologiques…

Le Dr Cohen, gynécologue échographe à l’Hôpital d’Alès est accusé
par des patientes d’agressions sexuelles et viols aggravés.
Il a été mis en examen, et suspendu de ses fonctions, mais moins d’un mois plus tard, il bénéficie d’un assouplissement de son contrôle judiciaire,
ce qui lui permet aujourd’hui de continuer d’exercer.

Comment est-ce possible que des femmes puissent consulter un gynécologue accusé de viol ?

Trop peu d’informations circulent au sujet du Dr Cohen. Le Conseil de l’ordre des médecins a cautionné pendant des années cette situation par la passivité et le silence. La justice, en levant son interdiction d’exercer, ne prend pas en considération les plaignantes, ni les autres femmes qui sont amenées à prendre rendez-vous avec lui.

Le Dr Cohen a porté plainte contre ses plaignantes pour dénonciation calomnieuse. Il cherche ainsi à dissuader d’autres femmes de réagir.

L’hôpital d’Alès a réembauché le Dr Cohen et les autres praticien.es craignent de prendre position, voire se pensent impuissant.es face aux structures hiérarchiques.

En tant que femmes on nous éduque à se laisser déposséder de notre corps, de notre sexualité et de notre fécondité, sans rien dire. En tant que patient.e nous entrons dans un rapport de soumission face aux experts de la médecine.

Nous appelons à boycotter ce gynécologue,
et à s’organiser collectivement pour se soutenir.

Rendez vous devant l’hôpital d’Alès
le 30 janvier 2015 à 15 H

 


 

De fil en aiguille, on se retrouve à plusieurs, des femmes surtout, à discuter du gynécologue alésien, le Docteur Cohen, mis en examen pour « agressions sexuelles » et « viols aggravés » dans le cadre de sa fonction. Certaines d’entre nous ayant eu affaire à lui témoignent du malaise qu’elles ont ressenti à son égard lors des consultations (absence d’écoute, obligation à subir une échographie par voie vaginale, attitude méprisante et agressive, etc.). Il est absolument certain qu’aucune d’entre nous n’accepterait se retrouver à nouveau entre ses mains. Pour d’autres femmes qui ne l’ont pas rencontré, savoir cela suffit à s’insurger contre la décision judiciaire du 6 août 2014 et celle de ses employeurs lui permettant de reprendre l’exercice de sa profession, après un mois d’interdiction d’exercer.
En effet, cette décision de la cour d’appel de Nîmes inflige une humiliation de plus à toutes celles qui ont témoigné avoir été victimes d’abus de pouvoir et d’abus sexuel de la part du docteur au sein de son cabinet. Elle met également en danger celles qui n’ont jamais entendu parler des agissements de ce dernier et qui y sont exposées. Alors même que les abus auraient été perpétrés dans le huis clos de ses cabinets, sur des patientes qui pour leur santé ont besoin de lui et des « compétences » que son statut professionnel lui confère, la défense prétend qu’une interdiction d’exercer est disproportionnée. Et les juges lui donnent raison. Dans le cadre d’une instruction pour viols et agressions sexuelles, il est irresponsable que le docteur ne soit pas mis hors d’état de nuire. Il s’agit pour nous surtout de dénoncer le mépris pour les personnes plaignantes et en général pour ce type de plaintes.
Rappelons que dans ce type de situations, le nombre de plaintes est très faible par rapport au nombre d’expériences violentes vécues. Le fait de parler des agressions qu’on a subi, a fortiori de les dénoncer publiquement, se révèle d’autant plus difficile quand l’agresseur est dans une position sociale élevée et quand on se retrouve en plus dans une position de fragilité (malade ou en demande d’aide) et quand il s’agit d’agression sexuelle. On le constate encore par les nombreux témoignages n’ayant pas donné lieu à des plaintes qui émergent sur des réseaux sociaux et les personnes autour de nous parlant de ce praticien avec crainte et dégoût. Sans grande surprise, ni la justice pénale, ni la direction de l’hôpital, ni l’ordre des médecins ne se donnent la peine d’intervenir. Pire, ceux-ci s’empressent, de manière indécente, de soutenir ce gynécologue plutôt que de considérer le risque pour les femmes d’être agressée ou maltraitée par lui.
On apprend maintenant qu’à Alès, des patientes demandent à d’autres soignant-es de les accompagner en consultation pour ne pas se retrouver seules avec le docteur Cohen. Que d’autres s’organisent, malgré les difficultés, pour ne surtout pas accoucher ou être examinées à Alès, de peur de « tomber » sur lui, préférant faire des kilomètres pour aller à Ganges ou à Nimes. Pour ces raisons évidentes, nous appelons au boycott urgent de ce gynécologue.

Nous refusons la manipulation qui consiste à faire croire que nous n’avons pas d’autre choix que de s’en remettre aux mains d’un soignant violent pour obtenir une échographie, un avortement, un soin pour une mycose vaginale, parce qu’il est compétent, parce qu’il n’y aurait soit disant pas assez d’autres soignants disponibles. A ce sujet, nous souhaitons informer ou rappeler que les sages-femmes peuvent assurer les suivis gynécologiques courants et les suivis de grossesse dans de bonnes conditions et souvent avec plus de considération pour les individues (plus de temps, approche physiologique et non pathologique, consultation à domicile, etc.). En outre, il existe d’autres gynécologues sur Alès, y compris à l’hôpital public, et d’autres praticiens sont en mesure de faire des échographies, notamment à la clinique Bonnefon.
Cette affaire n’est pas la première et ne sera certainement pas la dernière au vu de la quantité de personnes hauts placées qui valident par leur silence et leur passivité des comportements maltraitants alors qu’ils leur ont été signalés depuis plusieurs années. Le conseil de l’ordre des médecins qui était informé depuis 2009 n’a eu aucune réaction et a ainsi renvoyé les personnes plaignantes à leur peur et à leur impuissance à faire cesser ces actes (comme dans l’affaire ô combien similaire du Dr Hazout finalement jugée en février 2014 ; on peut notamment lire un article à ce sujet mis en ligne à l’adresse suivante : http://sansremede.fr/pourquoi-il-faut-parler-du-docteur-Hazout).
Plus puissant que l’ordre des médecins, le corporatisme et le soutien des personnes de la même classe sociale construisent une forteresse autour d’un homme puissant et le rendent inattaquable. L’hôpital et les autres praticiens ont eu vent de comportements inquiétants depuis longtemps, en témoignent des paroles glanées dans la presse ou ailleurs. Cette personne est donc soutenue par ses pairs et encouragée par tout un système à continuer à violer et humilier des femmes.
Face aux plaintes, le Dr Cohen n’a pas tardé à réagir : celles qui ont osé témoigner de leur histoire à la presse et l’assigner en justice pour ces actes, ont déjà dû subir une comparution pour diffamation en mai dernier, alors que le gynécologue n’a lui-même pas été jugé. Grâce à son pouvoir au sein des institutions influentes de la société, il suffit au docteur Cohen d’un procès de contre-attaque pour retourner les accusations qui pèsent sur lui. La manœuvre est simple pour un grand homme : discréditer ses victimes, sauver sa réputation et dissuader d’autres personnes de porter plainte contre lui ou de s’exprimer publiquement sur cette affaire.
Il est nécessaire de ne pas simplement focaliser sur cet événement en particulier et d’attendre une gestion par la justice d’état de ces cas soit-disant exceptionnels, mais évidemment de s’interroger sur la façon dont un système entier produit ses agresseurs et ses agressées. Parce que ce sont effectivement les femmes qui sont le plus souvent agressées, et pour cause : on ne nous apprend pas à protéger notre corps, à refuser une proximité qui nous dérange, on nous apprend le manque de confiance en nous-mêmes, une croyance en l’expertise médicale qui pourtant nous dépossède de notre propre ressenti. Dans ce contexte, difficile d’établir une frontière nette entre un acte médical explicité et contractualisé en début de consultation gynécologique, et un geste qui se fait sans explications, sans consentement, sans considération pour la personne et pour ses limites. Difficile de supporter la froide mécanique de la machinerie médicale qui contraint les corps à des protocoles indiscutables. Et d’autant plus difficile de s’opposer à une parole ou à un acte édicté par un médecin, puisqu’en venant consulter, les femmes nourrissent l’espoir de trouver des résolutions aux problèmes gynécologiques qu’elles rencontrent.
Il faut s’interroger d’ailleurs sur l’ignorance et la passivité dans laquelle les patientes sont maintenues dans leur rapport à leur corps et à la médecine. Elles ne peuvent pas réagir au pouvoir d’un médecin, tout-puissant dans sa position d’expert, de sauveur parfois, d’homme maîtrisant la situation. On entend des témoignages de femmes qui se demandent s’il est normal qu’un gynécologue vous demande de vous déshabiller entièrement pour vous peser, s’il est normal qu’il vous claque sur les fesses ou vous pose des questions gênantes sur vos pratiques sexuelles, qu’il vous touche le clitoris, qu’il vous fasse mal en vous enfonçant les spéculums ou autres engins d’examen gynécologique, qu’il vous fasse la morale ou qu’il dénigre de manière agressive vos choix de vie.
Ce gynécologue n’est pas le seul à agir de manière maltraitante. Qui d’entre nous n’a pas régulièrement passé un moment douloureux dans une salle de consultation et sans recevoir aucune explication ou réponse à des questions qui sont pourtant l’objet de la consultation ?
Dans une société qui laisse aux mains des médecins, des chimistes et des législateurs la question de la santé génitale, de la contraception, de l’avortement et de la maternité, il n’est aucun impératif plus urgent pour les femmes que de se tenir en alerte vis-à-vis de la position dominante des médecins. Nous pensons que certaines questions peuvent nous y aider : Est-ce que ce serait plus confortable d’être accompagnée par un ou une ami-e lors des consultations médicales ? Et si je changeais de médecin quand je ne me sens pas à l’aise ou pas respectée ? Ne devrais-je pas m’interroger sur la réelle nécessité des examens proposés et m’informer auprès d’autres personnes, soignantes ou non, sur les diagnostics qui sont prononcés sur mon corps ? Comment je reconnais que mes limites sont transgressées et quelle place je donne pour les faire respecter ? Est-ce que je peux me faire confiance et reconnaître ma capacité à choisir ce que je veux pour ma vie et ma santé ? Et si j’en parlais autour de moi pour être moins seule dans cette galère ?
C’est parce que nous souhaitons justement en parler davantage à plusieurs que nous proposons de créer des espaces de partage de nos expériences pour sortir de l’isolement qui nous fait accepter des conditions détestables de consultations gynécologiques. C’est parce que nous ne voulons plus qu’on décide à notre place de ce qui est acceptable qu’on se lance dans une dynamique et qu’on souhaite se regrouper autour de différentes actions.
On a créé une adresse : maltraitancesgynecos@riseup.net.

Envoyez-y vos témoignages et vos adresses si vous souhaitez participer à cette dynamique.
Encadré chronologie
2009 : Plaintes auprès du conseil de l’ordre, réponses concises et pas de signalement auprès du parquet.
Fin janvier 2014 : Plaintes au pénal pour des faits datant de 1990 à 2013 (le docteur exerce à Alès depuis 1985).
17 février : Les plaignantes ont créé une page facebook afin de recueillir des témoignages d’autres victimes présumées.
28 février : Dépôt de plainte par le Docteur Cohen pour dénonciation calomnieuse contre les plaignantes.
Mai : Procès pour dénonciation calomnieuse des plaignantes envers le gynécologue. Suite à ce procès, la page facebook d’appel à témoins a dû être retirée.
10 juillet : Garde à vue de 48h pour le docteur Cohen, remise en liberté et mise en examen avec une série d’interdictions dont l’interdiction d’exercer.
6 août : décision de la cour d’appel de Nîmes qui assouplit le contrôle judiciaire et lève l’interdiction d’exercer.

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si vous êtes à la recherche de personnes soignantes dans la région, regarder sur ce blog:

la liste blanche de soignant-e-s féministes généralistes ou gynécologues en france