contre les violences policières

Le témoignage de M. a été retranscrit par le Réseau Classe/Genre/Race
On précise qu’on a vu les certificats médicaux datés de l’agression, les photos des coups et du sang sur tout le corps datées de l’agression, la plainte déposée auprès du procureur, et le courrier classant sans suite.

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« Je suis une femme noire, je suis maman de 3 enfants que j’élève seule, j’habite à Agen.

Un soir, tard vers 2h du matin, je rentre d’un dîner chez des amis.
Je monte dans ma voiture, roule, et je me rends compte qu’une voiture me suit de près, de trop près. Après plusieurs minutes, je commence à m’inquiéter et je cherche à me rapprocher de la caserne des pompiers, au cas où…

Trop tard.

L’autre voiture me coince avant. Une femme blanche, furieuse, en descend et me sort violemment de la mienne. Je suis paniquée. « Descend salope ! ». Je ne comprends pas, je supplie « S’il vous plait, j’ai des enfants en bas âge ». La femme me frappe. « Ferme ta sale gueule, salope ! ». La femme m’assène des coups très violents accompagnés d’injures.
Je vois un homme blanc qui regarde la scène en riant. Il finit par rejoindre la femme. A son tour, il me frappe violemment, et m’étrangle avec mon collier. Je pense que je vais mourir. Sous mon long manteau, je porte une robe de soirée, elle est courte. La femme s’en rend compte. « T’es habillée comme une pute, sale race ! ». La femme devient encore plus violente, coups de poing, coups de pied. Je parviens à mordre un doigt de l’homme qui avait la main sur ma bouche pour m’empêcher de crier. L’homme saigne. Les coups pleuvent de plus belle. L’homme me demande si j’ai le sida. Instinctivement, je réponds que oui, pour me protéger d’un viol que je crois certain. J’entends l’homme parler au téléphone : « Dis leur de venir, ils vont embarquer cette salope ».
Une voiture se gare sur le côté, deux personnes me mettent des menottes, me soulèvent, je n’arrive pas à tenir debout. Ils portent un uniforme où il est écrit « Police ».

Je me dis que les complices se sont peut-être déguisés en policiers. Ils me jettent dans la voiture avec la femme à l’arrière. Tout au long du trajet, la femme me frappe et m’humilie. Les hommes assis devant rient. J’implore la femme « Vous êtes une femme, pourquoi vous faites ça ? ». La femme : « Ferme ta gueule sale race, ça ne fait que commencer pour toi ». La voiture se gare devant le commissariat. Je réalise alors que la femme qui m’a frappée est réellement de la police, elle est juste habillée en civil. Je comprends que j’ai eu affaire à la BAC.

Je me dis que quelqu’un a certainement caché de la drogue dans ma voiture, qu’il s’agit d’un horrible malentendu. Lorsque menottée, ils me font descendre de la voiture, je n’ai plus de manteau, arraché sous les coups, et ma robe est remontée jusqu’au nombril. J’ai honte. Je demande à redescendre ma robe. La femme refuse : « C’est bien fait pour toi, ça t’apprendra à t’habiller comme une pute ! ». Les policiers me font souffler dans l’alcootest, deux fois. Il est négatif. Les policiers appellent une avocate, qui n’aura pas un regard pour moi et qui me conseillera de dire que j’ai bu, pour ne pas aggraver ma situation.

Je suis interrogée. « Avez-vous fait des manifs anti-police ? », « En voulez-vous à la police ? » me demande des policiers en ricanant. « Vous avez de la chance d’être en France, dans votre pays au Burkina-Faso, les policiers ont des machettes ». Je suis emmenée à l’hôpital pour faire un bilan sanguin. On veut savoir si j’ai le sida ou pas, on a peur pour le policier que j’ai mordu. Je suis ensuite placée en garde à vue, accompagnée d’insultes.

Je ne sortirai du commissariat que le lendemain après-midi. Je vais à l’hôpital. Un médecin, révolté par l’état de mon visage et de mon corps qui portent de nombreuses marques de coups, me fait un certificat médical attestant de ces coups, et me conseille de porter plainte. Je prends contact avec une avocate. Mais l’avocate ne me rappelle pas quand elle apprend qu’il s’agit d’une affaire avec la police. Je n’arrive pas à trouver d’avocat, tous refusent quand ils apprennent qu’il s’agit de violences policières. Je me rends donc seule à la gendarmerie pour porter plainte. On refuse de prendre ma plainte. J’écris directement au Procureur. Je lui décris l’agression que j’ai subie de la part des policiers, et j’insiste sur le fait que j’ai été agressée parce que je suis une femme noire.

Cette histoire s’est déroulée il y a 1 an, en 2016.
Il y a 4 mois, en juin 2017, j’apprends que la plainte que j’ai déposée auprès du procureur est classée sans suite, alors que je n’ai pas été convoquée une seule fois pour être entendue.

Un journaliste a dit qu’il voulait publier mon histoire dans un journal local. Mais le journaliste a eu un échange avec la police, et il m’a alors dit qu’il ne voulait plus être mêlé à cette histoire.

Depuis mon agression, je pense au suicide. Je ne dors plus la nuit, je prends des médicaments, je me sens brisée et anéantie. Je suis restée en vie pour mes enfants que j’aime plus que tout. Je ne veux pas baisser les bras. Le temps n’y changera rien, seule la justice pourra me réparer. Du moins en partie.

Aujourd’hui, je veux continuer à me battre pour obtenir justice et réparation.
Je suis très isolée. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin de vous ! »

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Ce témoignage de M. a été retranscrit par le Réseau Classe/Genre/Race
On précise qu’on a vu les certificats médicaux datés de l’agression, les photos des coups et du sang sur tout le corps datées de l’agression, la plainte déposée auprès du procureur, et le courrier classant sans suite.

On recherche :
– un-e avocat-e
– des personnes/des collectifs situés près d’Agen, Toulouse, Bordeaux, qui pourraient organiser une campagne de soutien et de mobilisation pour M.
– des personnes/associations/organisations qui pourraient porter l’histoire de M dans l’espace politique et médiatique
– des journalistes qui pourraient enquêter et relayer l’histoire de M. dans les médias.

Merci pour votre aide. Merci de relayer cette histoire dans vos réseaux.

Contre les violences policières, pour la dignité, pour la justice, soyons solidaires !

Réseau Classe/Genre/Race


Vous pouvez retrouver le témoignage sur le Facebook du Réseau Classe/Genre/Race :
https://www.facebook.com/ClasseGenreRace/?hc_ref=ARS0isTRsHbTR2MYmyFl9IXP1EClmqRP_Cji3Vy4kJKiqmDzMjgCEO7nKy2CpJsdYjM&fref=nf